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Comment écrire ?

Ecrire votre histoire en vous inspirant de BD ou de livres dessinés

Manifeste incertain Pajak biographie

Je ne sais pas dessiner. Et vous ?

Si vous avez ce talent, pourquoi ne pas l’employer pour écrire le livre de votre vie ou l’histoire de votre famille ?

Et si vous ne l’avez pas, vous pouvez quand même vous inspirer de bandes dessinées ou de romans graphiques.

Comment ? C’est ce que nous allons voir à partir de quatre livres biographiques ou autobiographiques faisant la part belle au dessin.

Wonderland, de Tom Tirabosco

Dans cette BD touchante et parfois poignante, l’auteur revient sur son enfance et ses années d’adolescence : la vie de famille, la nature, les filles…

Autobiographie Wonderland Tirabosco

Mais selon moi, les pages les plus fortes sont celles qui évoquent les relations de l’auteur avec son frère handicapé (compassion, admiration et rivalité mêlées), ainsi qu’avec son père.

Tom Tirabosco a mis 10 ans pour écrire et dessiner cet album :

« Il m’a fallu doser l’anecdote, l’humour et les choses sensibles. Ce qui était délicat, c’était de relier différents événements et souvenirs », a-t-il confié à La Tribune de Genève.

 

→ Vous pouvez vous en inspirer : la structure circulaire. La BD s’ouvre sur les préoccupations de l’auteur au moment de l’écriture de l’album (« Depuis quelques années, j’ai une méchante envie de partir en guerre contre mon époque. »)

Très vite, le livre raconte la rencontre entre ses parents, puis prend un cours chronologique.

À la fin, Tirabosco aborde l’engagement politique de sa mère, ce qui lui permet de revenir à ses questionnements des premières pages et de boucler le récit.

L’album comprend aussi un épilogue, où l’auteur échange avec son frère sur la variation des souvenirs.

autobiographie Wonderland Tirabosco

 

Seules contre tous, de Miriam Katin

« Je ne suis pas une écrivain mais, sachant dessiner, j’ai trouvé au travers de la bande dessinée un moyen modeste [d]’aborder » le sujet de la famille et de l’enfance, raconte à Du9.com Miriam Katin, devenue auteure de BD à… 63 ans.

Dans Seules contre tous, une BD au format carré, elle raconte un épisode vécu avec sa mère à l’âge de 2-3 ans.

« Ce livre est l’histoire de notre fuite et de notre clandestinité durant l’année 1944-1945 [en Hongrie]. J’ai imaginé les lieux et les gens d’après les souvenirs de ma mère », précise Miriam Katin dans l’épilogue de son album.

 

→ Vous pouvez vous en inspirer : l’alternance de deux époques. Dans cet ouvrage en noir et blanc, l’auteure intercale très ponctuellement des pages en couleur.

On l’y découvre en jeune adulte venant de mettre au monde son premier enfant, en 1968 à New York.

Autobiographie Seule contre tous Katin

Vous pouvez adopter le même procédé dans un texte écrit, en insérant quelques pages évoquant une période plus récente, ou plus lointaine. À condition que :

  • cela ait du sens. Il ne s’agit pas de faire un effet de style gratuit !
  • ces pages soient visuellement bien distinctes des autres, par leur police de caractères très différente, des marges plus grandes ou bien une couleur particulière… Le lecteur doit comprendre au premier regard que vous changez d’époque.

 

Ici, de Richard McGuire

Ce livre est incroyable !

S’agit-il encore de bande dessinée ? (même si l’ouvrage a reçu le prix du meilleur album au festival de la BD d’Angoulême).

L’auteur se base en grande partie sur des photos de famille et sur la vie de ses parents pour raconter « l’histoire d’un lieu, vu d’un même angle, et celle des êtres qui l’ont habité à travers les siècles. Dans cet espace délimité, les existences se croisent, s’entrechoquent et se font étrangement écho, avant d’être précipitées dans l’oubli » (présentation de l’éditeur).

Le dispositif est inédit. Au fil des pages, c’est toujours le même coin de pièce qui est montré.

Sur une image principale, Richard McGuire superpose plusieurs autres images.

Il nous montre ainsi un tableau de ce qui s’est déroulé à cet endroit à différents moments.

Ici McGuireChaque image est datée en haut à gauche.
Ici, deux images sont superposées mais il y en a souvent davantage.

Au premier regard, le livre est déroutant.

Un « houlà ! » de surprise est sorti de ma bouche quand je l’ai ouvert, et j’ai pensé que je ne réussirais pas à le lire.

Pourtant, je suis très vite entrée dans le récit et je ne l’ai pas lâché avant d’avoir fini.

Une expérience de lecture unique ! Un livre à lire et à relire pour profiter de tous ses détails.

Ici McGuireOn découvre à la fois la longue histoire et même la préhistoire du lieu (l’essentiel se passe toutefois entre 1764 et aujourd’hui) et de petits moments banals de l’existence.
Des situations et des paroles se répètent ou se font écho plus ou moins directement.

 

Vous pouvez vous en inspirer : la juxtaposition et la fragmentation. Voici quelques idées pour raconter votre histoire personnelle ou familiale en adaptant le principe de McGuire :

  • sur une double page consacrée à une année ou une époque, juxtaposer des petits textes présentant différents membres de votre famille ayant vécu à ce moment-là ;
  • sur la photo d’un lieu, apposer différents petits textes relatant anecdotes ou événements familiaux survenus à différentes époques ;
  • autour de la photo de quelqu’un, disposer de courts textes décrivant un trait ou une anecdote propres à cette personne. Le tout formant comme un portrait ;
  • sur une même image de fond, juxtaposer les photos de différentes personnes dans une pose similaire : en train de rire, de se tenir par l’épaule, de faire un geste particulier…

Les possibilités sont multiples, quelque part entre scrapbooking et roman-photo 🙂 Amusez-vous bien !

 

Les livres « écrits et dessinés » de Frédéric Pajak

Frédéric Pajak ne fait pas de la BD. Il qualifie ses ouvrages de « récits écrits et dessinés ».

Grâce au dessin, cet auteur multi-facettes peut écrire « autrement, sans le “fardeau” qu’est la description » : « Ce que je ne peux pas dire avec les mots je le dis avec des dessins, et réciproquement », explique-t-il sur France Culture.

J'entends des voix Pajak

L’aspect visuel le plus caractéristique des pages de Pajak. (Extrait de J’entends des voix.)

Dans les différents tomes du Manifeste incertain, tout comme dans J’entends des voix, par exemple, des éléments autobiographiques se mêlent à des biographies d’auteurs (Nietzsche, Beckett, Benjamin..).

Et la petite histoire est toujours inséparable de la grande.

 

→ Ce dont vous pouvez vous inspirer : le dialogue entre le texte et les images (dessins ou photos). Dans les livres de Frédéric Pajak, les dessins n’illustrent pas le texte. Inversement, le texte n’est pas là pour expliquer les dessins.

Ces deux moyens d’expression jouent jeu égal. Aucun n’est là pour servir ou pour dominer l’autre. À tel point qu’ils ne concordent pas toujours parfaitement.

Manifeste incertain Pajak biographie

Extrait de Manifeste incertain, tome 1.
L’image tout en haut de l’article est elle aussi tirée de ce livre.

 

J’espère que tout cela vous donnera des idées pour votre propre livre biographique ou autobiographique ! Dites-moi 🙂

Et si vous avez d’autres lectures à nous conseiller, la parole est à vous !

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11 réponses sur « Ecrire votre histoire en vous inspirant de BD ou de livres dessinés »

Je pense aussi qu’il y a sûrement quelque chose à faire entre bd et généalogie et je tenterai peut-être cela un jour, modestement. En attendant, je conseille moi aussi de lire Wonderland de Tirabisco et Ici de McGuire (qui a eu le prix du meilleur album à Angouleme). Et je vais découvrir les 2 autres

Nous espérons en savoir plus sur « BD et généalogie », Raymond !

J’ai souvent fait ce lien en lisant « Ici », puisqu’on y voit de nombreuses générations sur la longue période.

Mais j’attends votre article 🙂

Raymond Debordedit :

Il faudra attendre jusqu’en juin. Il y en aura plusieurs lors du challenge AZ 😉

On patientera (mais ça va être dur !) 🙂

joelle Wauquierdit :

Merci, cet article me donne des idées

Merci à vous, cela me réjouit 🙂

Louise latulippedit :

Je trouve cela inspirant, j’ai le désir de faire une bande dessinée depuis lontemps. J’ai les personnages qui sont ma famille mais l’histoire me manque. Je vais étudier ce que je viens de lire.
Merci.

Super Louise, j’espère que vous trouverez votre sujet. Une période a-t-elle particulièrement marqué votre histoire familiale ? Ou éveillé votre intérêt, votre curiosité ?

Bonjour,

J’aimerais utiliser la première image de cet article (la femme qui sourit avec son histoire) pour un cours de français langue étrangère sur l’alternance passé composé / imparfait.
Pouvez-vous me dire de quel ouvrage elle est tirée ?

Merci beaucoup !

Bonjour Gloria,
l’image est extraite du Manifeste incertain, tome 1, de Frédéric Pajak.
Bon cours à vous !

Les commentaires sont fermés.

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